1802 : ESPAGNE
La rupture du barrage de
Puentes en Espagne, première grande catastrophe due à l'homme (région de Murcie, sud-et de l'Espagne).
Le barrage de Puentes,
construit de 1785 et 1791 pour irriguer la région de Murcie, est un
barrage-poids de 50m de hauteur, l'un des plus grands d'Europe. Ce n'est que
onze ans après sa mise en eau que pour la première fois les pluies le
remplissent entièrement. Le 30 avril 1802, à 15h00, le barrage cède sous la
pression et laisse échapper les eaux qui atteignent une heure plus tard la
ville de Lorca causant la mort de 608 personnes. Une enquête est confiée à
Agustín de Betancourt, ingénieur de renom formé en France. Il conclut à une
erreur d'appréciation de la qualité des sols qui aurait entraîné une fragilité
des fondations. La tragédie a permis la création en Espagne dès 1802 de l'Ecole
des routes et canaux (Escuela de Caminos y Canales) dirigée par ce même Agustín
de Betancourt.
1864 : GRANDE-BRETAGNE
Le réservoir de Dale
Dyke en Grande-Bretagne inonde la ville de Sheffield
Construit pour alimenter en
eau la ville de Sheffield dans le South-Yorkshire, le barrage en remblai de
Dale Dyke se rompt lors de sa mise en eau le 11 mars 1864 peu avant minuit. En
45 minutes, le réservoir de 3 millions de mètres cube d'eau se vide et les eaux
envahissent la vallée du Loxley puis la ville de Sheffield provoquant la mort
d'environ 240 personnes et détruisant plus de cent maisons et 15 ponts. Les
ingénieurs et la société Sheffield Waterworks Company sont jugés pour manque de
compétence et d'attention dans le suivi du projet. Une commission est mise en
place par le gouvernement pour traiter les 7.000 demandes d'indemnisation qui
atteignent la somme inédite pour l'époque de £450.000. Les experts ne
réussissent pas à déterminer la cause exacte de l'effondrement de Dale Dyke et
un barrage plus modeste est finalement reconstruit en 1875.
1923: ITALIE
Le barrage de Gleno en
Italie, un désastre inévitable (en Lombardie, dans les Alpes près de Bergame)
Construit de 1919 à 1923 dans
la région industrieuse de Lombardie, le barrage du Gleno situé dans la vallée
du Scalve est un barrage à contreforts et voûtes multiples d'une hauteur de 55m
destiné à alimenter une usine hydroélectrique. Mis en eau en août 1923, il cède
le 1er décembre. A 7h15 du matin, un premier contrefort s'ouvre puis une brèche
de plus en plus large laisse échapper les 6 millions de mètres cube d'eau du
lac qui se déversent dans la forte pente du mont Gleno (le barrage est à 1.500m
d'altitude) et débouchent dans la vallée, dévastant sur 25 km, villages et
usines et provoquant la mort d'environ 500 personnes. L'enquête met en évidence
une incroyable série de malfaçons pour lesquelles les responsables seront
condamnés à une peine de trois ans et quatre mois de prison.
1959 : FRANCE
La ville de Fréjus
dévastée par la rupture du barrage de Malpasset
Envisagé juste après la
seconde guerre mondiale, le barrage de Malpasset situé dans la vallée du Reyran
près de Fréjus est inauguré en 1954. Barrage-voûte construit par André Coyne
également à l'œuvre sur le barrage de Tigne, il constitue un réservoir d'eau
in
dispensable dans une région régulièrement touchée par la sécheresse. Après
des années de pluies faibles, la région connaît en 1959 des pluies
torrentielles qui font monter rapidement le niveau de la retenue d'eau. La
construction d'une autoroute en contrebas rend impossible le lâcher d'eau. Le 2
décembre à 21h13, le barrage cède sous la pression laissant passer une vague de
40 m de haut et 50 millions de mètres cube d'eau qui s'engouffrent dans la
vallée et déferlent 20 minutes plus tard sur Fréjus avant de se jeter dans la
mer. 423 personnes dont de nombreux enfants trouvent la mort; les maisons, les
fermes, les voies ferrées sont totalement balayées par la puissance de la
vague. L'enquête ne remet pas en cause la solidité de la voûte mais celle de la
roche sur laquelle le barrage était appuyé. La Cour de cassation en 1967 puis
le Conseil d'état en 1971 excluent définitivement toute responsabilité humaine
dans la catastrophe.
1963 : ITALIE
1.900 morts dans la
catastrophe du barrage de Vajont en Italie. (100km de Venise)
La barrage de Vajont en Italie
après la catastrophe.
Situé au pied du mont Toc dans
la province de Belluno à 100 km de Venise, le barrage de Vajont, construit de
1956 à 1959 est mis en service en 1960 malgré plusieurs alertes sur les risques
de glissement de terrain. Selon certaines sources, la SADE (Società Andriatica
d'Elettricità) désirant profiter des nationalisations et vendre le barrage à la
société publique ENEL fait la sourde oreille et cherche à valoriser le barrage
en le remplissant à son maximum de 715m en 1963. Des mouvements de terrain se
font alors sentir et inquiètent les habitants mais aucune décision d'évacuation
n'est prise. Le 9 octobre, à 22h39, plus de 260 millions de mètres cube de
terre et de roche se déversent à plus de 90 km/h dans la
retenue d'eau
provoquant deux énormes vagues de 25 millions de mètres cubes d'eau vers
l'amont et l'aval du barrage. La vague d'aval haute de 150m saute le barrage et
se déverse dans la vallée créant un phénomène de pression d'air dévastateur
suivi d'un torrent d'eau qui achève de détruire les villes de Langarone,
Pirago, Rivalta, Villanova et Faè. Le bilan humain de la catastrophe est
extrêmement lourd avec plus de 1.900 morts. Onze responsables sont poursuivis:
l'un se suicide et deux autres meurent avant la fin du procès, mais un seul est
condamné à une peine de 5 ans de prison réduite ensuite à un an. Ce n'est qu'en
1997 que la SADE et ENEL sont condamnées à verser des indemnités aux communes
détruites. Le barrage, de type barrage-voûte, est resté intact mais n'a plus
jamais été exploité.